Le Stade Rochelais s’est imposé 29-24 face à Bourgoin, samedi, après avoir rejoint les vestiaires largement en tête, trois essais à zéro. Sur courant alternatif, le Stade Rochelais a alterné le très bon et le très moyen, ce dont le CSBJ a profité pour glaner un bon point de bonus défensif, tout en privant les Maritimes du point de bonus offensif tant espéré.
Une première période aboutie
Au coup d’envoi, la machine rochelaise accuse un certain retard à l’allumage. Si les joueurs monopolisent le ballon et occupent le camp Berjallien, les soucis en touche repérés à Carcassonne surviennent à nouveau et privent les Rochelais de précieuses munitions. À de nombreuses reprises, Bourgoin a ainsi pu se libérer de la grosse pression exercée par les Rochelais, qui ne sont pas parvenus à bonifier leur possession. Alors que la supériorité physique des Maritimes leur permet de jouer en avançant et de dominer les rucks, grattant beaucoup de ballons et mettant l’adversaire à la faute, les trois-quarts touchent beaucoup de ballons et envoient du jeu : Gard crochète, fixe un défenseur et crée un surnombre imparable… avorté d’un en-avant. Par la suite, au moins deux autres occasions d’essais tout faits se solderont par une faute de main devant la ligne.
Alors que les deux équipes se neutralisent (3-3), les Rochelais remettent un coup d’accélérateur. Dépassés, les Berjalliens commettent de nombreuses fautes dans les rucks, ce que l’arbitre sanctionne d’un carton jaune pour Perrin (24e). Sur la touche suivante, les Rochelais obtiennent un bras cassé vite joué par Berger pour Gard qui envoie Cestaro à l’essai (10-3, 26e). Les Jaune et Noir ont toujours la possession mais l’exploitent bien mieux par leurs trois-quarts qui transpercent plus souvent, et les avants qui règlent la mire : à 8 contre 7 et à 5m de la ligne, la mêlée rochelaise enfonce son homologue et obtient un essai de pénalité (17-3). Les Rochelais ont su profiter de leur vitesse d’exécution et des espaces libérés par l’infériorité numérique berjallienne. Alors que Faure reçoit un carton jaune pour faute d’antijeu à 5m de la ligne après une nouvelle grosse offensive rochelaise, Fortassin envoie Lagarde à l’essai entre les poteaux. À la mi-temps, ça fait 24-3 pour des Rochelais qui ont progressivement monté en puissance et envoyé du jeu. Pour Hamish Gard, « ça fait du bien de jouer avec du beau temps. On a bien commencé le match et on s’est bien servi du ballon, mais en deuxième période on a perdu ce punch, on a été moins directs ».
Des Rochelais qui retombent dans leurs travers
Au retour des vestiaires, le plus dur restait à faire : garder la même intensité pour enfoncer le clou et conserver le bonus offensif. Charles Lagarde confie : « à la mi-temps, on sait que les dix premières minutes vont être cruciales, que si on les tient bien, le match sera plié… Mais on a pris une belle leçon de courage et de réalisme. » Alors que les deux équipes enchainent les turnovers et laissent place à du « hourra rugby », La Rochelle a l’occasion d’enfoncer le clou mais commet une nouvelle erreur devant la ligne. Bourgoin en profite pour se reconcentrer, tenir le ballon, mettre les Rochelais à la faute et inscrire un bel essai en première main par Viallet (24-10, 52e). Déterminés à récupérer leur bonus offensif, les Rochelais remettent un coup d’accélérateur, mettent les Berjalliens à la faute pour un énième hors-jeu, et réalisent un très bon maul sur la pénaltouche propulsant Sazy à l’essai (29-10, 59e). Après avoir été bousculés, les Rochelais ont bien réagi mais vont rapidement baisser en intensité et en concentration à la fin du match.
En cette fin de match, les Berjalliens récupèrent la possession et semblent plus fringants. Après un très bel essai de Faure suite à un coup de pied par-dessus la défense (29-17), les Rochelais enchainent les fautes et ne parviennent pas à se dégager. Kieft paie pour la succession de fautes et reçoit un carton jaune dans les dix dernières minutes, ce dont profite Gondrand en inscrivant le troisième essai berjallien sur la sirène (29-24). Le CSBJ ramène un bonus défensif mérité. Les Rochelais ont encore encaissé trois essais et peinent à rassurer en défense. Lagarde analyse : « On fait ça bien à l’entrainement, mais en ce moment on pèche dans la discipline, sur cette fin de bloc on est moins disciplinés et on paie cher ces petites erreurs face à des équipes pas faciles à jouer. » Gard, encore très bon en attaque comme en défense samedi, ajoute : « Il y a des erreurs individuelles qu’on ne fait pas à l’entraînement. On doit être vigilants, s’aider et se couvrir mutuellement, et on sera à nouveau efficaces en défense. »
Une trêve salvatrice ?
Exténués par des matchs éprouvants, les joueurs vont sans aucun doute bénéficier de la trêve obligatoire (pas d’entrainement toute cette semaine). Patrice Collazo avoue que la pause « va faire du bien aux joueurs. Physiquement et mentalement, on leur met une grosse pression pour qu’ils aient conscience des enjeux. » Concernant un certain manque de fraîcheur physique, il ajoute : « C’est possible, mais moi je les comprends les mecs, le rugby de haut niveau je sais ce que c’est. Je sais ce que c’est de matraquer les mecs psychologiquement et de les presser comme des citrons, je le fais aussi. Mais quand on a de l’ambition, il faut pousser la machine un peu dans le rouge et aller chercher des trucs qui sont compliqués. Parce que ce soir (samedi) on est capables de répondre quand l’équipe adverse nous met un coup, mais j’aimerais qu’on soit capables de répondre 80 minutes sans attendre de prendre des coups. »
La trêve va faire du bien aux esprits et amènera une remise en question de chacun, joueurs et entraineurs. Finalement, manque de fraicheur physique et/ou mentale, c’est « une fausse excuse. Je cherche pas d’excuses aux joueurs, je m’en cherche encore moins. Je vais me remettre en question cette semaine, j’invite les joueurs aussi à se remettre en question individuellement, parce que ça passera que par une remise en question individuelle et collective. Je suis pas pour jouer un rugby gagne-petit. Il y a des choses qui me dérangent, quand on a besoin de 5 actions à 3m de la ligne pour marquer la moitié d’un essai alors que nous on prend un essai sur une première main, c’est des trucs qui me dérangent. Avoir un ballon c’est difficile, et en plus ce soir il y a la touche qui nous met dedans. Les occasions on les a eues, mais on va pas derrière la ligne. Et à partir de là on se met dans une dynamique très négative, et on met tout un stade dans une dynamique négative aussi, on se met une pression qui n’est pas forcément la bonne. Après, on ne peut réagir qu’au coup par coup, et même quand on arrive à reprendre le fil des choses on trouve le moyen de s’emmêler les pinceaux. Donc notre problème c’est pas le public, c’est pas Bourgoin, c’est nous. J’ai qu’une chose à dire, c’est d’avoir beaucoup d’humilité. Très bien on est seconds, par contre pour gagner les matchs qui vont venir, faudra montrer beaucoup plus tout au long de la semaine, et surtout pendant le prochain match. »
Face à un adversaire pourtant en grande forme, la victoire est teintée de déception.
Améliorer le contenu en vue du sprint final
Au bout du compte, tout cela doit amener l’équipe à associer le bilan comptable, plutôt très bon, au contenu, moins bien depuis quelques matchs. Les entraineurs y tiennent particulièrement : « Nous, on s’attache au contenu. On pourrait se contenter du plan comptable, mais si on s’en contente, on va se planter. Aujourd’hui on est déçus du contenu. Le plan comptable il est bon puisqu’on est seconds, mais si on veut franchir un cap il faut s’attarder sur le contenu et pas se chercher d’excuses. Si on veut aller de l’avant il faut se poser les bonnes questions. On va débriefer ça ensemble avec les joueurs, repartir au travail, parce que finalement ce qui paie c’est le travail. »
L’objectif est donc clair : conserver l’état d’esprit de l’équipe qui a permis d’aller chercher des victoires à l’extérieur depuis le début de la saison et de ne pas être seconds par hasard, s’appuyer sur les points forts de l’équipe (montrés pendant 20 excellentes mais courtes minutes contre Bourgoin) et les améliorer pour adopter un rythme de croisière pour la fin du championnat. Collazo poursuit : « On est dans une période délicate, avec une mauvaise semaine d’entraînement. Pour l’instant ça passe, on gagne, on est seconds, mais on fait la gueule. Mais on fait la gueule parce qu’on sait aussi ce que les joueurs sont capables de produire. On est en droit d’attendre beaucoup plus de cette équipe, d’où notre déception d’aujourd’hui (samedi), parce que notre prestation est pas à l’image de ce qu’on est capable de faire. » Et Lagarde de conclure : «On va récupérer physiquement et mentalement pour entamer du mieux possible une dernière ligne droite très importante, et c’est exaltant. »
Les supporters n'attendent que ça.
N.C.