Le Stade Rochelais a renoué avec la victoire en disposant, dimanche, d’une belle équipe du FC Grenoble sur le score de 19-15. Dominateurs une grande partie de la rencontre, les Maritimes n’ont jamais paniqué face à des adversaires qui avaient fait le dos rond et se sont pourtant montrés très dangereux dans les dernières minutes.
Un Stade dominateur mais pas récompensé
Florian Faure l’assure : "On était venus avec des intentions, pour faire vraiment quelque chose". Le troisième ligne grenoblois et ses coéquipiers venaient faire un coup à Marcel Deflandre après une sévère défaite à domicile face au Stade Français, et avaient aligné leur meilleure équipe ; Grice et McLeod faisaient leur retour. Côté rochelais, après un match de très bonne facture mais pas récompensé au Racing, la victoire était obligatoire. Qovu restait en 2e ligne et Eaton glissait en position de flanker à l’occasion du retour de Graham. C’est dans ce contexte que le début de la rencontre se résumait à une partie d’échecs, les coups de pied d’occupation s’alternant entre Wisniewski d’une part, et Fortassin et Murimurivalu d’autre part.
Et, alors que Grenoble n’était pas venu une seule fois dans les 22 mètres locaux mais menait 3-0 contre le cours du jeu, les Rochelais imposent leur puissance à leur adversaire, et notamment dans les rucks, une bataille déterminante ce dimanche et à partir de laquelle les coéquipiers de Fortassin ont construit leur victoire : "On a réussi à leur ralentir le jeu, ce qui les a empêchés de mettre en place leur jeu ‘’léché’’ à base de libérations rapides, analysait l’ouvreur à l’issue de la rencontre. On a même eu des meilleures sorties que les leurs".
C’est en effet d’un ballon gratté au sol que provient l’essai rochelais : Gourdon, auteur une nouvelle fois d’une prestation majuscule ce dimanche, conteste parfaitement le ballon au sol et obtient une pénalité sur sa ligne des 22. Fortassin voit que les Grenoblois peinent à se replacer et joue vite. Murimurivalu s’empare du cuir, déchire le premier rideau et perce sur 80 mètres, avant d’être repris à quelques foulées de l’en-but. La libération est rapide, propre, et Berger écarte vite pour Eaton sur sa gauche qui n’a plus qu’à plonger entre les poteaux face à une défense à la traîne pour se replacer. Quelques minutes après une pénalité lointaine réussie par Barraque, ça fait logiquement 10-3.
Des occasions de tuer le match, les Rochelais en ont eues. Mais ni la transversale de Fortassin pour Alofa, dont le rebond dans l’en-but a trompé la vigilance de l’ailier, ni la charge de Qovu derrière la ligne n’ont été récompensées. Face à tant d’occasions manquées, auxquelles s’ajoutent des pénalités et drops manqués, Grenoble a pu rester au contact par la botte de Wisniewski et continuer à espérer. "Ça aurait pu être pire, analyse froidement Landreau, le manager grenoblois. On a la chance que La Rochelle ne marque pas au moins trois essais ; s’ils les mettent, ça fait 30 points, le match il est plié et il n’y a rien à dire". Mais le Stade a manqué d’un brin de réussite, et à la mi-temps ça fait (seulement) 13-9, un score plutôt très flatteur pour les visiteurs.
"On ne s’est jamais affolés"
Au retour des vestiaires, la configuration reste sensiblement la même, avec un nombre plus important de turn overs. La raison, des pertes de balles dans les zones clés mais aussi et surtout une capacité rochelaise à gratter les ballons assez impressionnante. Meilleur récupérateur du championnat, Botia a fait honneur à ses statistiques en récupérant un nombre assez énorme de ballons au contest, dont un à deux minutes de la fin sur un ballon d’attaque grenoblois dans les 22 mètres rochelais. "Le joueur est déjà plaqué, je vois que je peux contester alors j’y vais, je me concentre sur ça, je ferme les yeux et je n’entends plus rien", décrit-il, un large sourire de satisfaction sur le visage.
En fin de rencontre, Fortassin à 22 mètres, Barraque à 55, et Wisniewski par deux fois ont inscrit des points pour leur équipe, portant le score à 19-15 à la 74e. Avec une rapidité d’exécution assez déroutante en première main, les Grenoblois entrent dans la moitié rochelaise, puis dans les 22 mètres et enchaînent les temps de jeu, percutant dans l’axe ou écartant au large. Fortassin raconte : "On s’est peut être fait peur en fin de match, mais on ne s’est jamais affolés. J’ai trouvé qu’on avait joué avec beaucoup de sérénité, sans paniquer, sûrs de nos forces". À l’inverse, Wisniewski et Hart avaient évidemment de gros regrets quant à l’issue de la rencontre : "On est déçus parce qu’on avait les moyens de gagner en fin de rencontre, même si La Rochelle a très bien tenu le ballon, nous a mis en danger et a beaucoup gratté", analysait le demi de mêlée isérois.
Toujours treizième au classement, le Stade Rochelais a renoué avec la victoire en réalisant un match propre, discipliné, "sérieux" selon Patrice Collazo. Elle constitue un tout avec la prestation réalisée sur la pelouse du Racing Metro, preuve si besoin était que ce n’est pas qu’un sursaut d’orgueil localisé sur un seul match. "C’était un match sérieux d’une équipe qui grandit. On a davantage de maîtrise, on a été en place en défense, on s’est créé beaucoup d’occasions… Beaucoup de voyants sont au vert, maintenant il faut que ça se reproduise", conclut l’entraîneur jaune et noir. Direction Castres, samedi prochain, pour une rencontre qui s’annonce tout aussi âpre et demandera le même niveau de performance et d’engagement que déployé lors des deux derniers matchs.
N.C.