Les Rochelais remportent le bras de fer

Les Rochelais remportent le bras de fer


Samedi, les Rochelais se sont imposés face à Montpellier sur le score de 21-15. Avec deux essais inscrits par Alofa et Kaulashvili, contre aucun encaissé grâce à un premier rideau imperméable, les Jaune et Noir sont sortis victorieux d’un combat acharné face à une équipe héraultaise très solide sur ses bases, comme prévu.

Dominateurs dans les rucks, dominés en mêlée

Dans un stade archi plein et fort de 15 000 âmes, Grant donne le coup d’envoi. Alors que la première mêlée est gagnée par Montpellier, la défense maritime contient parfaitement les assauts héraultais grâce à des plaquages offensifs de Cedaro ou Bobo. Appliqués en défense, les Rochelais chargent par Qovu, enchaînent les temps de jeu aux 50m et progressent ; sans marquer, comme le MHR. Un début de rencontre cadenassé, très engagé comme tout au long du match, mais à l’avantage des Rochelais sur le plan physique. "Contrairement à Clermont où on avait subi sur les impacts, la différence c’est que ce soir on a avancé", souffle à ce titre Patrice Collazo.

Puis, un en-avant volontaire de Selponi, une bonne pénaltouche à 5m, le jeu qui est écarté, des brèches qui s’ouvrent, un ballon cafouillé par Paillaugue et Grant sert main-main Alofa qui n’a plus qu’à plonger entre les poteaux (7-0, 15e). Sur le renvoi, les Cistes trouvent la touche directe, Audy occupe parfaitement le terrain et les avants obtiennent une pénalité à 22m en face sur un ruck, que le demi de mêlée transforme sans problème (10-0, 18e). C’est propre pour les Rochelais, néanmoins en difficulté dans le secteur de la mêlée. "En mêlée, quand on éclate, on éclate d’entrée, on n’éclate pas après 15 secondes d’impact. C’est quelque chose de technique, il y a plein de facteurs qui rentrent en compte. Mais d’un autre côté on joue contre la meilleure mêlée du championnat, on ne se cherche pas d’excuses", explique le technicien maritime. Avant de nuancer : "Ce soir la mêlée ne nous a pas permis de les mettre sous pression, nous on l’a prise, mais au score elle n’a pas eu d’incidence. Elle a été gommée par beaucoup d’autres aspects qui sont très positifs".

Seul ce secteur permet aux visiteurs de rester à flot, obtenant cinq pénalités dans le premier acte. Balle en main, les hommes de Galthié se montrent dangereux et atteignent les 5m rochelais ; Botia est pris hors-jeu, et Paillaugue inscrit les premiers points de son équipe (10-3, 28e). Côté rochelais, des percussions des avants, une agression permanente de la ligne, une transversale lumineuse de Grant vers Alofa, mais ça manque de peu. "On savait que défensivement ils allaient couper les extérieurs, qu’on n’allait pas avoir beaucoup de ballons, précise Charles Bouldoire. Mais sur ceux qu’on a eus, on s’est bien débrouillés et surtout on marque deux essais", conclut le jeune centre de 21 ans (et non 18 comme on a pu le lire, précise-t-il) qui a parfaitement tenu son rôle pour sa première à Marcel Deflandre. "Quand je vois le match qu’il a fait, surtout défensivement face à une paire de centres qui a joué pour les Springboks, je me dis qu’on a de la chance d’avoir des jeunes comme ça", félicite son coach.

Ensuite, une mêlée pénalisée, une touche pas droite et le MHR reprend du poil de la bête. Ils occupent le camp rochelais, et malgré une défense excellente, obtiennent le carton jaune d’Atonio pour "plaquage dangereux". Paillaugue la passe, ça fait 10-6 à la mi-temps. Les trois cartons jaunes encaissés par les Maritimes ce samedi constituent l’un des points négatifs de la rencontre : "On se complique la vie comme à chaque fois, peste Kévin Gourdon. C’est une bonne chose pour le groupe parce qu’on a su rester solidaires, mais on voit qu’on n’apprend pas trop de nos erreurs."

Malmenés en mêlée avec 5 pénalités concédées dans le secteur en première mi-temps, les Rochelais se sont en revanche montrés bien plus dangereux dans leurs offensives que leurs adversaires du jour, et surtout plus efficaces dans les rucks où ils ont remporté de bonnes munitions et occupé le camp adverse par des pénaltouches. C’est donc logiquement qu’ils regagnent les vestiaires en tête, mais à 14. Rien n’est encore fait, donc.

"On ne s’est jamais résignés en infériorité"

À la reprise, les Maritimes ont corrigé le tir et obtiennent une pénalité sur leur première mêlée. De bon augure. Par la suite, Montpellier maintient le jeu chez La Rochelle, les pousse à la faute et Qovu prend un carton jaune pour une "obstruction" sur Timani, et Paillaugue passe la pénalité (10-9, 47e).

Sur le renvoi qui suit, les Maritimes se révoltent et multiplient les temps de jeu ; Audy choisit le petit côté, et Kaulashvili marque en force le deuxième essai rochelais, "avec trois mecs sur le dos, dans un couloir de deux mètres" décrit Collazo (15-9, 49e). Les Rochelais étaient à 13. "On ne s’est jamais résignés en infériorité numérique, poursuit l’entraîneur. Contrairement aux autres fois où on a subi les cartons, cette fois-ci on n’avait pas envie de lâcher."

De nouveau à 14, les Maritimes résistent parfaitement aux assauts montpelliérains, mais finissent par se mettre à la faute au sol. Paillaugue transforme sans problème (15-12, 55e). La suite, des offensives infructueuses de part et d’autre ; sur une attaque rochelaise, Ouedraogo plaque haut, Grant prend le but et la passe à 30m en coin (18-12, 62e).

Le MHR a de nouveau la main sur la gonfle, enchaîne les temps de jeu dans les 22 maritimes, et Botia prend un jaune pour un plaquage « à l’épaule », pénalité qu’Iribaren transforme sans problème (18-15, 70e). Les Jaune et Noir vont finir la rencontre à 14, mais dégagent une sérénité et une confiance impressionnante. « On a déjà eu deux cartons avant, ils n’ont pas franchi, ils n’ont marqué que sur des pénalités, répond Djeb. À partir du moment où on était en place en défense et qu’on bougeait, ça allait passer. »

Sur le renvoi, les Rochelais, à un de moins, mettent une pression terrible aux Cistes, et récupèrent une pénalité que Le Bail transforme lui aussi (21-15, 72e). À nouveau acculés dans leurs 22m sur le renvoi qui suit, les Rochelais, héroïques, récupèrent le ballon sur un contre-ruck après plusieurs temps de jeu et peuvent se dégager. À un de moins, ils sont impressionnants de puissance au près et font régulièrement reculer les avants héraultais. Toujours dans le coup en cas d’essai transformé, les Montpelliérains insistent mais se heurtent à une défense imperméable qui tiendra jusqu’au bout.

Pour la première fois de la saison, elle n’aura pas concédé d’essai. Un signe tout sauf anodin. Pour le coach maritime, "Ce soir on avait besoin de cette férocité, de cet engagement physique". "C’est un match un peu charnière pour nous, ce match-là, il va rester", conclut Nicolas Djebaïli. À voir le superbe tour d’honneur des joueurs à l’issue du match et l’énorme ovation de leurs supporters, difficile de lui donner tort.

N.C.