La Rochelle se fait surprendre par Bordeaux-Bègles

La Rochelle se fait surprendre par Bordeaux-Bègles


L’Atlantique Stade Rochelais s’est incliné à domicile face à l’Union Bordeaux-Bègles sur le score de 26-29. Alors qu’ils tenaient la victoire à la 76e minute, les Jaune et Noir ont encaissé 10 points en 5 minutes. Les Bordelo-Béglais, ultra-réalistes, repartent avec une victoire inespérée.

Les Rochelais dominent mais offrent trop de points

Les deux équipes l’avaient annoncé, la clé serait l’occupation et une grosse défense. Pas étonnant donc de voir que, dès le début du match, l’occupation au pied a primé. Les coups de pied de Murimurivalu et Grant ont fait face à ceux de Guitoune et Bernard pendant plusieurs minutes. Sur une chandelle de l’ouvreur rochelais, Botia plaque le Bordelais en l’air et reçoit un carton jaune. La suite, un coup de pied de Bernard dans les 22m, Murimurivalu qui veut éviter la touche et passe pour Bobo, et Connor qui intercepte et marque à la 5e minute. "Un essai qu’on donne", regrette Patrice Collazo à l’issue de la rencontre.

Pourtant, même en infériorité, les Rochelais reprennent le jeu à leur compte avec les percussions de Gourdon et Cedaro. Ils parviennent à occuper le camp bordelo-béglais de longues minutes et finissent par scorer grâce à une pénalité d’Audy (3-7, 13e). Le jeu se poursuit dans le camp béglais, et, toujours en infériorité numérique, Corbel perce à la suite d’un maul et atteint la ligne des 5m. Ça rebondit grand côté et Cedaro s’effondre dans l’en-but mais n’aplatit pas. Ensuite, Botia revient de son carton jaune, la mêlée rochelaise à 5m enfonce son vis-à-vis, Audy aplatit mais l’arbitre avait déjà accordé un essai de pénalité mérité. 10-7, le Stade Rochelais a largement compensé son infériorité numérique, bien mieux gérée que lors des premiers matchs.

Les Rochelais commencent à dominer les zones d’affrontement et de rucks, provoquant des en-avants à l’impact et récupérant des pénalités dans les phases défensives. Audy ne tremble pas et rajoute deux pénalités pour La Rochelle. Seulement, les Rochelais offrent (encore) des points aux Bordelais. Un joueur qui perce et s’isole, un bon contre-ruck des joueurs adverses : Bernard enquille à 45m excentré. Un contest ne se fait pas sur les appuis, l’arbitre siffle pour Bordeaux-Bègles à 55m des poteaux : Bernard enquille. À la mi-temps, La Rochelle mène logiquement 16-13 mais a offert trop de points faciles aux visiteurs : un essai cadeau et des pénalités facilement évitables.

Une fin de match rageante

Au retour des vestiaires, les Jaune et Noir continuent sur la même dynamique. Sous la pression de Bobo et Botia, ils récupèrent beaucoup de ballons sur les renvois, signe d’une bonne agressivité défensive et d’un ascendant psychologique pris sur l’adversaire. Seulement, les Bordelo-Béglais ont nettement amélioré leur jeu au pied et ont pu compenser leurs pertes de balle par un renvoi systématique du jeu dans le camp maritime. "Les Bordelais ont eu un très bon jeu au pied, qui nous maintient dans notre camp à portée de fusil, abonde Patrice Collazo. Et quand t’es à portée de fusil, avec deux buteurs de ce calibre, ils sont capables de tout marquer". D’autant plus qu’à ce moment, les Rochelais commencent à commettre des imprécisions. Une ou deux touches perdues, un ou deux en-avants… Pas un mauvais match, loin de là, mais quelques détails qui coûtent cher à l’arrivée face à une équipe avec une réussite insolente.

Parce que la balle de match, le Stade Rochelais l’avait en main. Sous l’égide d’une mêlée dévastatrice, les Bordelais sont contraints d’enchaîner les fautes dans l’exercice et les fautes d’antijeu dans les rucks. Coup sur coup, Marais et Adams récoltent des cartons jaunes mérités pour avoir annihilé des essais rochelais tout faits. Par la suite, Murimurivalu se rattrape et file à l’essai en coin. 7 points en double supériorité numérique… et c’est tout. L’entraîneur en chef le déplore : "Quand on était à 13 à Toulon, on prend 20 points. Là on n’en a marqué que 7. Peut-être qu’on méritait d’en marquer que 7". À 26-16 et à 15 contre 13, les Jaune et Noir n’ont peut-être pas su tuer le match. Et c’est à ce moment-là que les Bordelais règlent leurs soucis et jouent parfaitement le coup. "Dans les 15 dernières minutes, on a commencé à subir un peu", atteste Uini Atonio, qui a appris sa sélection en équipe de France pour les tests de novembre ce dimanche.

À la 70e, les Rochelais menaient toujours de 10 points. Et les Bordelais se montraient plus que pragmatiques avec une fin de match hallucinante d’opportunisme. Beauxis, dont l’entrée aura été décisive, tape une chandelle qui amène l’en-avant d’Alofa et son carton jaune évitable. Il convertit, 26-19. Nouvelle faute dans un ruck, les Bordelo-Béglais vont en touche plutôt que de tenter la pénalité. Sur le maul qui suit, les Rochelais sont emportés et ça finit dans l’en-but. Beauxis transforme avec l’aide du poteau, 26-26. « On les a contrés tout le match sur les ballons portés, le seul où on décide de ne pas trop s’y mettre on le retrouve derrière l’en-but », analyse l’entraîneur maritime. Nouvelle faute peu évidente dans un ruck à 40m en coin, encore une fois convertie, 26-29. Trois imprécisions qui coûtent clairement une victoire que les joueurs avaient acquise 75 minutes durant. Romain Sazy semblait sous le choc d’un tel renversement de situation : "On sait que c’est rageant, on mène de 10 points… Il y a plusieurs erreurs dans la partie qui se jouent sur des détails. Ils jouent le coup parfait à l’extérieur avec pas mal de chandelles". L’ambiance extraordinaire produite par les 15 000 spectateurs n’y aura rien changé.

Finalement, c’est à Patrice Collazo que revient la conclusion : "Ce soir par contre je n'ai rien à reprocher à mes joueurs en termes d’état d’esprit, de mentalité, d’investissement, d’engagement physique... Je ne pense pas qu’on ait été usés. C’est peut-être le seul soir où je vais positiver sur une défaite, mais moi ce que j’ai vu ce soir ça m’a plu. On dépend de faits de jeu. Quand il y a 25 classes d’écart, on peut avoir mal à la tête, mais ce soir je n'ai pas vu 25 classes d’écart. Ils ont scoré sur leurs temps forts et avec deux buteurs de qualité. C’est peut-être la différence entre une équipe qui joue la H Cup et une équipe qui monte de Pro D2, sur l’expérience, sur le détail.  On va repartir au travail et surtout continuer à fermer notre gueule comme on a toujours fait et on va se préparer pour le Stade Français".

N.C.